Un blog pour (peut-être) répondre à un besoin de faire sens, propre à notre époque
Cela fait bien longtemps que je voulais lancer un blog. Mais comment apporter quelque chose de nouveau et surtout de pertinent, comme répondant à un besoin de notre époque ? Je savais que les thèmes qui m’intéressaient était la Vie, au sens très large : la souffrance et la joie, la société, l’environnement et la « durabilité », la politique, enfin tout! Et comment aborder un ensemble aussi vaste?
Il me semble qu’il y a aujourd’hui deux types de traitements de ces sujets : soit dans une forme de nouveau positivisme technique soit son contraire, un négativisme technique. D’abord, notons que le « technique » est avant tout un « socio-technique ». Il n’y a pas d’objet technique qui ne serait pas lié à une organisation sociale en amont. Nous reviendrons longuement sur ces contraires, pour l’heure j’en donne une définition très brève :
- Dans le nouveau positivisme technique « tout est bon ». Nous avons de bons gouvernements ou au pire les meilleurs possibles, la technique va nous sauver du risque climatique, les énergies renouvelables vont nous permettre de perpétuer voir de développer notre mode de vie occidental et même, enfin, d’offrir ce mode de vie de consommation (le seul « humain-compatible ») à toute la planète. C’est également valable pour ce qui est de la santé où la technique toute triomphante investit tous les aspects de la santé et devrait nous rendre immortels. C’est une vision de la continuité du modèle « développementaliste » et « techno-industriel ».
- Dans le nouveau négativisme technique « tout est mauvais ». On n’y considère toutes les absurdités et non-sens du modèle « positiviste ». Ici le meilleur exemple est le débat (pour peu qu’il y ait un débat) autour des énergies vertes par rapport auxquelles on pourrait conclure qu’il s’agit d’une escroquerie intellectuelle. On montre les liens d’intérêt économique pour conclure que tout est à peu près pourri. Dans ces milieux on entend souvent un discours anti-technique. Il faut un changement radical… mais on ne sait pas comment proposer quelque chose de nouveau. Il y a bien des tentatives avec certains récits spiritualistes qui sont loin d’expliquer le réel… celui de l’être incarné.
Alors certes, il y a les praticiens, ceux qui ont embrassé cette transition anthropologique et qui se lancent dans des projets d’agriculture qui tentent de s’insérer dans la « dynamique de la vie » (permaculture et autres concepts etc). Mais ces initiatives n’ont pas (à ma connaissance!) généré de discours vraiment significatifs. Il serait intéressant de dire quelque chose des nouvelles recherches de Philippe Descola sur certains de ces groupes pour voir s’ils inventent un nouveau lien à la « nature » où – très succinctement – ils développement de nouveaux modèles de relations au monde, mais pas encore dans cet article. Le fait est qu’entre ces deux formes antagonistes, positive ou négative de la technique, il n’y a pas ou plus de rapprochement possible les éléments « dialogiques » étant rompus ; ces discours s’autonomisent chacun de leurs côtés les leurs promoteurs font chacun peur à l’autre camp. L’un semble complètement réactionnaire à l’autre qui, lui, semble n’être qu’un fantasme prométhéen au premier : il y a plus de discussion raisonnée.
Produire un nouveau discours portant sur l’action et porteur d’espoir
Alors comment faire quelque chose de nouveau et éventuellement produire un discours différent ? Eh bien, j’ai d’abord évité les concepts déjà présents. Ils opèrent des découpages et des réifications du monde qui ne nous aident pas à la réflexion : exit la critique économique et politique, le spirituel, religieux ou non… L’exemple du « développement durable » est tout à fait significatif. La critique a très bien été portée par d’autres (Latouche, Bourg…). Il montre l’importance de tenter d’autres approches.
Il se trouve que mes propres recherches en anthropologie de la santé, dont le thème s’intéressaient aux « quêtes de guérisons » m’ont permis de voir des liens entre des théories qui portent sur les risques techniques et sociaux et mes observations à l’échelle individuelle par le prisme de la « menace existentielle ». Autrement dit, il y a des similarités entre l’appréhension de l’avenir lorsque la vie est menacée à l’échelle individuelle ou collective. C’est la mort qui se décline en différents niveaux (mort sociale, angoisse d’être « hors jeu », la mort physique). Il n’est pas encore l’heure de développer ces liens, mais l’angle que je choisis est celui de la quête de guérison. En effet, dans les quêtes de guérison, les thèmes de l’écologie, de l’économique et du spirituel se trouvent embrassés ensembles, pris dans une perspective assez simple: celle de la continuation de la vie et de ses ressorts. Cela bien sûr considérant le mot guérison en dehors du réductionnisme biologique. Nous verrons les différentes dimensions de la recherche de guérison ailleurs mais j’aime utiliser la métaphore de l’éveil du phénix pour évoquer cette recherche.
Dans cette recherche intérieure stimulée par la menace existentielle qu’est la maladie ou la souffrance – ce que j’appelle donc l’éveil du phénix – le regard porté sur la vie est soudainement renouvelé, elle y retrouve ses caractères incommensurables, voir sacrés ; un sentiment de nécessaire retour à l’essentiel est exprimé. C’est ici la dimension de l’émerveillement envers la « création », dont nous faisons partie, elle témoigne de quelque chose de l’ordre de la transformation intérieure – spirituelle. De plus la « quête » de guérison est toute en actes, de paroles, de pensées et d’actions ; elle a une portée plus vaste que la notion de soin.
Je parle d’émerveillement, d’éveil du phénix. Il ne faut pas y voir un rapprochement avec l’Éveil du Buddha. Mon propos est une métaphore pour signifier une trajectoire intérieure.
Je termine ce second article de présentation par une petite précision. Ce blog n’est pas destiné à présenter telle ou telle thèse. Nous nous laissons porter par la découverte comme dans une recherche honnête. Simplement, je souhaite qu’à mesure de l’avancement de ce blog et des efforts consentis pour le faire « grandir », nous constations ensemble qu’il répond de manière pertinente à un besoin et qu’il permette de participer à un nouveau mouvement qui ne me semble pas vraiment encore exister à large échelle, mouvement dont la dynamique se nourrirait d’une découverte extraordinaire, à savoir : oh! il y a de la Vie sur Terre !?!